• Un bilan encore mitigé

    L’engouement du public pour le film «Avatar» a fortement contribué à l’augmentation de la fréquentation des salles de cinéma. Cette technologie donne l’illusion aux spectateurs d’être au cœur de la scène qu’ils regardent, de pouvoir toucher les personnages et les objets comme s’ils étaient physiquement présents.

    Le succès a été tel que les plus grands studios hollywoodiens ont décidé de sortir pour l'année 2010 la moitié de leurs films en 3D : Piranha 3D, Christmas Carol, Destination Finale 4, Toy Story 3, Alice au pays des merveilles, Transformers 2, ... on ne compte plus le nombre de films 3D qui sort chaque mois dans les salles. En France, sur les 10 premiers films en tête du box office en 2010, quatre étaient des films en 3D (Harry Potter et les reliques de la mort, Shrek 4, Alice au pays des merveilles et Toy Story 3)

    En Europe, les recettes des exploitants en 2010 ont augmenté de 12% par rapport à 2009.

    De nombreuses salles ont profité de cette nouvelle technologie pour accélérer leur passage du 35 mm au numérique qui est un pré-requis pour la projection des films en 3D.

    Pour l’industrie cinématographique, la 3D présente des avantages non négligeables. Elle permet de conquérir un public à la recherche de nouvelles expériences visuelles. De nombreuses personnes n’allaient plus au cinéma car elles pouvaient avoir la même chose avec un grand écran de télévision ou avec un «home cinema». Seules les salles de cinéma offrent actuellement la possibilité de voir des films en 3D, les DVD en 3D étant trop peu nombreux.

 

Avantages principaux de la 3D cinématographique

    • Un film 3D a une qualité exceptionnelle, en effet les deux caméras ou la caméra stéréoscopique  sont des caméras à 48 images par secondes. La caméra stéréoscopique de plateau pèse environ 110 kg, ce qui rend les déplacements difficiles, les nouvelles caméras (ci-dessous), sont moins lourdes, et plus performantes.

    • La 3D relief est prenante, on a l’impression de faire partie du film, de le vivre, c’est distrayant, nouveau et les images sont exceptionnelles, notamment avec AVATAR.

 

 

Le cinéma 3D a enfin conquis son public mais cette technologie suscite encore des réserves. En effet, tous les procédés techniques précédemment exposés constituent également des freins à cette avancée. Cette technologie est tout d'abord coûteuse.

    Tout d'abord, pour visionner un film en 3 dimensions, le cinéma doit s'équiper d'un matériel nettement plus coûteux que le matériel de projection traditionnel. La technologie 3D n'étant pas encore arrivée à maturité, l'équipement, que ce soit caméra 3D, lunettes 3D ou écran métallisé est très vite dépassé au bout de quelques mois.

    • Le cinéma doit se fournir en lunettes 3D pour les spectateurs afin qu'ils puissent visionner le film et découvrir l'effet de profondeur. Il faut donc gérer leur distribution et leur éventuelle récupération. L’ensemble de ces coûts est répercuté sur le spectateur.

    • Selon la taille et la technologie de l’écran 3D, il en coûte de 60.000 à 120.000 euros (. Une somme considérable qui décourage les petites salles indépendantes alors que celles-ci doivent déjà engager des dépenses importantes pour passer du 35mm au numérique.

    • La bande vidéo d'un film 3D est deux fois plus longue qu'un film 2D classique car il faut tourner un film pour chaque œil. Des chercheurs travaillent sur la réduction de la taille de ces fichiers mais ce n'est pas encore au point.

    BILAN FINANCIER :  Un film en 3D est environ deux fois plus cher qu'un film ordinaire. C'est le coût de production qui crée une barrière financière à la propagation de la 3D dans le monde. 

    La projection des films en 3D peut également nuire au confort visuel des spectateurs.

    Le confort visuel se définit comme l'absence de gêne lors de la projection d'un film.

    Le confort visuel est le terme utilisé pour définir l’impression liée à la quantité, la distribution et à la qualité de la lumière. Un éclairage trop faible ou trop fort peut induire chez la plupart des gens une fatigue, voire même des troubles optiques, auxquels s’ajoutent une sensation d’inconfort et une performance visuelle réduite. D’autres facteurs doivent être également pris en compte tels que :

       - une mauvaise répartition de la lumière dans l’espace (si toute la lumière n’est concentrée que dans un coin de la salle).

       - un spectre lumineux mal adapté à la sensibilité oculaire de chacun (trop de brillance) ou à la vision des couleurs (contraste).

 

Le confort visuel dans les films en 3D

 

    Le cinéma en 2D peut provoquer un inconfort visuel chez certains spectateurs.

    Celui-ci peut, entre autres, être dû à la mauvaise répartition de la lumière dans la salle concentrée sur l’écran. Le cinéma 3D accentue le phénomène.

    Selon un sondage réalisé par le magazine en ligne Les numériques, près de 60  % des personnes ayant vu un film en 3D déclarent n’éprouver aucune ou très peu de gêne après avoir vu un film sous ce format. Un enthousiasme relatif même si à l’heure actuelle de nombreux cinémas s’équipent du matériel exigé pour la diffusion de film en 3D dans l’espoir d’attirer un public plus important. 

    Les 40 % d’insatisfaits pointent donc du doigt les inconvénients selon eux nombreux de ces films en 3D.

    Tout d’abord la baisse du confort visuel : à la sortie des salles de cinéma diffusant des films en 3D, de nombreuses personnes disent souffrir de maux de tête, de malaises ou de vomissements. Des réactions qui sont pour la plus part du temps dû à des mouvements oculaires inhabituels chez les spectateurs.

    Parmi les principaux désagréments, on peut citer : 

    Les efforts importants fournis par l'organisme humain

    En effet, en temps normal, nos yeux sont soumis à deux actions lorsqu’objet s’approche :

        - il y a d’abord un mouvement de convergences des deux yeux vers le nez

        - puis une accommodation de l’œil, le cristallin se déforme, afin d’obtenir une image non floue de l’objet.

    Mais lors du visionnage d’un film en 3D un autre phénomène d’adaptation oculaire se produit :

        - Lorsqu’un objet semble s’approcher du spectateur, ses yeux convergent comme il le ferait normalement,

        - puis ils tentent de s’accommoder mais n’y parviennent pas puisqu’aucun objet ne s’approche réellement.

       Et c’est ce phénomène qui crée une fatigue oculaire chez les spectateurs, les yeux devant rester dans cet état d’adaptation en moyenne 90 min (durée moyenne d’un film).  Pour pallier à ce désagrément, certains cinémas mettent en place des entractes lors des films en 3D, pour que les yeux des spectateurs puissent se reposer.

Les populations particulièrement sensibles

    Bien que peu d’études aient été réalisées pour l’instant des médecins mettent en évidence (notamment le professeur anglo-saxon Banks) une inégalité des populations devant les problèmes dû à la 3D :

        - Les enfants dont la distance inter pupillaire est plus petite que la moyenne, semblent éprouver plus de difficulté à visionner des films en 3D

        - Les femmes enceintes sont prédisposées à des problèmes durant les films en 3D, en raison de leur sensibilité exacerbée.

        - Les personnes âgées, dont le cristallin se déforme en raison de l’âge, éprouvent des problèmes de focalisation et d’accommodation. Ce qui aggrave leurs maux de tête et fatigue oculaire, comme l’affirme le neurologue Michael Gross.

Autres inconvénients 

    Néanmoins, la fatigue oculaire engendrée par la diffusion n’est pas le seul inconvénient de ce genre de films , parmi eux on peut citer :

        -  Le prix, une séance en 3D coûtent en moyenne 3€ de plus qu’une séance traditionnelle

        -  Le port des lunettes :  elles sont relativement lourdes (environ 56 g pour les lunettes à obturation), peu confortables et peu pratiques pour les personnes en portant déjà.

        -  La propreté des lunettes qui peuvent être sales en raison des utilisations précédentes même si cela tend à disparaître puisqu’aujourd’hui la quasi-totalité des cinémas distribuent des lingettes pour les nettoyer.

    Les films sous ce format voient :

        -  Leur luminosité diminuer en raison du port des lunettes, et de la baisse de définition des films

        -  Leurs couleurs modifiées, principalement lors de l’utilisation de la technique anaglyphe.

 

 

    On peut se demander si il s’agit véritablement d’un changement durable dans l’industrie du cinéma ou un simple effet de mode, dû à l’attrait du public pour la nouveauté.

    En effet un article réaliser par le magazine The Wrap  nous apprend que si 71% des spectateurs sont allés voir  Avatar  en 3D en décembre 2009, ils n’étaient plus que 61% à être aller voir Shrek 4  sous ce format en mai 2010 et seulement 45% pour Moi, moche et méchant  en juillet 2010.

    On peut enfin se demander si l’engouement des films 3D n’est pas dû à l’attrait de la nouveauté qui pourrait s’arrêter lorsque le spectateur sera lassé. Si la 3D est incontestablement une prouesse technique qui permet de réaliser des films à «grand spectacle » et touche un public avide de sensations fortes, la qualité du scénario et le jeu des acteurs , qui ne doivent rien à la technique, demeurent essentiels dans de nombreux films.

    Il ne faut pas oublier qu’après une première expérimentation dans les années 1920 et un âge d’or dans les années 1950, la 3D au cinéma ressemblait jusqu’à présent à une histoire de succès manqués. En effet, qui se souvient que le film « Le crime était presque parfait » de Hitchcock a également été tourné en 3D ?
Le succès actuel de la 3D au cinéma est-il un simple phénomène de mode ou une véritable révolution ?

 

• L'avenir de la 3D